Bonjour à tous,
Après de longs mois d’absence, voici le retour des briefs! Aujourd’hui nous allons nous intéresser particulièrement à la situation française. Avant, faisons le point rapidement sur la situation mondiale.
Situation générale mondiale
En se référant au graphe que l’on analyse depuis le début de l’épidémie en mars, on voit que la France n’est pas la seule à subir un deuxième pic, c’est aussi le cas de l’Allemagne et l’Italie. Cependant ces derniers pays ont des pics moins importants.
Les Etas-Unis, eux, entrent dans une 3ème vague, encore plus importante que la 2ème. Ils sont aujourd’hui à environ 120 000 cas par jour.
Les graphes ci-dessous présentent un rapport sur les tests virologique aux US. Les courbes en bleu représentent le taux de positivité des tests (échelle de gauche), la courbe en rouge le nombre de tests positifs (échelle de droite sur le graphe de gauche) et la courbe en verte le nombre de tests réalisés (échelle de droite sur le graphe de droite).
On voit bien que cette envolée du nombre du cas n’est pas uniquement dû au fait qu’ils testent plus mais que le nombre de cas croît plus rapidement que le nombre de tests réalisés. L’OMS considère que le nombre de test est suffisant lorsque le taux de positivité est inférieur à 5% (ici il est environ à 10%).
Plus globalement, à l’échelle mondiale, l’épidémie continue à progresser, avec actuellement plus de 600 000 cas journaliers pour environ 8000 morts.
Situation française
Anatomie de la 2ème vague
En se référant au graphe ci-dessous, la deuxième vague, en partie due à l’utilisation abondante de tests, paraît beaucoup plus impressionnante que la première. Sur le graphe du nombre de cas journaliers (en bas à gauche ci dessous), le premier pic est presque négligeable. Cependant, que ce soit dû à une souche moins virulente et/ou à une meilleure prise en charge des patients, le nombre de décès est nettement inférieur à la première vague.
Se pose alors la question: quand les effets du confinement vont-il se faire ressentir? Concentrons-nous sur une échelle de temps plus réduite et regardons le taux de croissance i.e. le nombre de cas du jour divisé par le nombre de cas du jour précédent. Cette donnée, présentée en bas à droite sur le graph de gauche ci-dessous, est intéressante car elle permet de comprendre lorsque la croissance du nombre de cas n’est plus exponentielle. En effet, en phase exponentielle, ce chiffre est constant. Cela est censé être suivi quelques jours après par une baisse effective du nombre de cas journaliers.
Hier, les chiffres semblaient exceptionnellement bas. Sans compter cela, ce taux de croissance, qui s’établit à environ 3% (i.e. chaque jour le nombre de cas croît de 3%), ne présente pas de signe de baisse. Nous sommes donc encore bel et bien dans cette 2ème vague.
Les indicateurs clés
Tout d’abord, intéressons-nous aux tests. Comme indiqué ci dessus pour les US, les courbes en bleu représentent le taux de positivité des tests (échelle de gauche), la courbe en rouge le nombre de tests positifs (échelle de droite sur le graphe de gauche) et la courbe en verte le nombre de tests réalisés (échelle de droite sur le graphe de droite).
Nous avons retrouvé des taux de positivités de 20% comme nous avions pendant la première vague, cependant désormais nous testons environ 20 000 personnes par jour vs quelques milliers lors de la première vague. Cela est encore trop peu par rapport aux 5% recommandés par l’OMS. Mais ce taux tend à diminuer.
Intéressons-nous désormais aux 4 indicateurs clés qui guident le gouvernement:
- Activité épidémique (taux d’incidence): nombre de tests virologiques (i.e. RT-PCR) positifs pour 100.000 habitants sur une semaine
- Taux de positivité des tests: nombre de personnes positives sur nombre de personnes testées
- Facteur de reproduction du virus (R0): combien de personnes sont contaminées par un malade
- Tension hospitalière: taux d’occupation des lits en réanimation
Pour chacun de ces indicateurs, sont définis 3 niveaux de criticité: faible, moyen et élevé, caractérisés sur les supports ci-dessous par les couleurs vert, orange (ou violet) et rouge.
Que cela nous indique-t-il aujourd’hui?
La bonne nouvelle: Le taux d’incidence et le facteur de reproduction sont en baisse: à l’échelle nationale le virus a donc tendance à moins circuler même si cela ne se reflète pas encore sur le nombre de cas.
La moins bonne nouvelle: le taux d’occupation des lits en service de réanimation continue à augmenter et effleure les 100%. Couplé au fait que le nombre d’hospitalisés est équivalent à celui de la première vague, cela n’est pas de très bonne augure. En effet, rappelons-le, le but quasi-unique d’un confinement est de faire en sorte que les hôpitaux puissent soigner les malades graves qui nécessitent des soins particuliers même s’ils ne représentent que quelques pourcents des cas. Plus que l’inversion de la courbe, pour que le pays puisse rouvrir, il faut que cette tension hospitalière diminue.
Enfin, ces courbes ne rendent compte de la situation qu’à l’échelle locale. Ci-dessous, ces cartes reprennent ces 4 indicateurs à l’échelle régionale (facteur de reproduction et taux d’occupation des lits en réa) ou départementale (taux d’incidence et positivité des tests).
Par exemple, en Auvergne Rhône-Alpes, le taux d’occupation est de 146%.
Conclusion
La situation épidémiologique française, même si elle montre des améliorations par un virus qui circule moins, n’en est pas pour le moins bonne. Pour que la tension hospitalière diminue, il faut encore diminuer le nombre de cas positifs. De plus, toutes les régions ne sont pas égales face à ce combat.
L’analyse que je présente ici est uniquement basée sur des données épidémiologique. Pour que celle ci soit complète il faudra, évidemment, prendre en compte d’autres paramètres, en particulier ceux économiques.
Enfin, je souhaite rappeler que tous les graphes présentés ci-dessus (et d’autres!) sont mis à jour quotidiennement sur le site, n’hésitez pas à les consulter!